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 Physarum polycephalumRechercher images 

Protiste géant (groupe des myxomycètes) composé d'une unique cellule contenant des milliers de noyaux. Vivant dans les sous-bois, il peut recouvrir des surfaces de l'ordre du mètre carré et se déplacer dans son environnement à des vitesses pouvant atteindre 5 cm/h. On le dénomme familièrement le "blob". P. polycephalum constitue la plus grande cellule du monde, mais ce protiste n'appartient à aucun des 3 genres animal, végétal ou champignon ! Le genre Physarum compte des milliers d'espèces ; ses individus, immortels, peuvent être de l'un des 221 sexes qu'il compte ! 720 sexes en fait [11/2019]. Surnommé "blob" par les chercheurs, la masse colorée formée par P. polycephalum peut être découpée et donner naissance à 2 individus, 2 blobs pouvant à l'inverse fusionner. En 2007, des scientifiques avaient réussi à faire piloter un robot par l'un de ces blobs ! En 2008, le chercheur japonais Toshiyuki Nakagaki a montré que P. polycephalum, pourtant dépourvu de neurones, est capable de sortir d'un labyrinthe ! En 2010, le même chercheur avait montré que cet organisme est capable de créer des réseaux robustes et performants entre des sources de nourriture disséminées (il avait ainsi reproduit un réseau similaire à celui du rail à Tokyo). Les chercheurs de l'université Paul Sabatier à Toulouse ont montré que, bien que dépourvu de système nerveux, Physarum polycephalum est capable d'apprendre par le mécanisme d'"habituation". Ainsi, si de la quinine, amère et repoussante, se trouve sur son chemin vers de la nourriture, le pseudopode qu'il va déployer sera de plus en plus important et rapidement déployé au fur et à mesure qu'il s'habituera à cette substance - ce comportement appris étant oublié au bout de 2 jours sans stimulation. Cette découverte laisse imaginer que de tels types d'apprentissages pourraient exister chez des organismes très simples comme les virus ou les bactéries [04/2016]. Les chercheurs toulousains ont montré qu'un blob était capable de transmettre ses connaissances à d'autres individus : ils ont enseigné à 2000 blobs qu'une surface recouverte de sel (habituellement répulsif) pouvait être traversée sans danger, puis les ont découpé et fusionné avec 2000 autres blobs inexpérimentés. La fusion débutant par l'établissement d'un pont entre les 2 blobs, les inexpérimentés ont été séparés des expérimentés au bout de 3 h et ont ensuite traversé le sel sans hésitation. En deça de 3 h la transmission de cette connaissance n'a pas le temps de s'effectuer : elle semble se faire par une veine qui apparaît dans le pont au bout de 3 h [12/2016]. Le blob s'habitue à traverser un milieu salé (répulsif pour lui) en absorbant le sel ! De même, en injectant du sel dans un blob on lève cette répulsion [06/2019]. Le génome de Physarum polycephalum a été séquencé en 2015, il comporte 30 000 gènes. Son génome le distingue des animaux, plantes et champignons, ce qui le rend inclassable dans le règne du vivant : la famille des "myxomycètes" a été créée spécialement pour lui. Il a un temps été classé dans le règne des protistes, mais ce taxon a été abandonné, car c'était essentiellement un fourre-tout ne servant qu'à rassembler les animaux qu'on ne savait pas ranger ailleurs, tel le Plasmodium falciparum vecteur du paludisme. . La cellule unique et gigantesque du blob est appelée "plasmode" : constituée de milliers de noyaux, elle se divise ensuite en milliers de "sporanges", des petites boules contenant des spores, des cellules reproductruces qui peuvent être emportées par le vent ou les animaux. Pour se reproduire, ces spores doivent rencontrer un autre spore d'un sexe différent (parmi les 720 existants) avec lequel il fusionnera pour former une cellule unique. Mais elle ne se divisera pas, seul son noyau le fera : en seulement 2 mois, la cellule originelle pourra ainsi contenir un milliard de noyaux ! . Un blob peut être découpé en morceaux, il cicatrise en moins de deux minutes ! Il n'y a que deux choses qu'il supporte mal : la lumière et la sécheresse : s'il y est confronté, il se place en dormance et attend une amélioration. . P. polycephalum peut doubler de taille chaque jour : un spécimen de plus d'un km² a été observé en Virginie occidentale, dans les Appalaches [11/2019] !
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