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 Cellule souche pluripotente induiteRechercher images 

Cellule souche issue de la reprogrammation d'une cellule adulte différenciée. Le procédé permettant de faire régresser des cellules adultes jusqu'à un stade embryonnaire (c'est l'induction) a été découvert en 2006 par le professeur japonais Shinya Yamanaka, ce qui lui a valu le prix Nobel de médecine en 2012. Il consiste en un cocktail de 4 gènes normalement actifs uniquement au stade embryonnaire (Oct3/Oct4, Sox2, Klf4 et c-Myc), qui, incorporé dans le génome d'une cellule différenciée grâce à un rétrovirus, la fait revenir au stade de cellule souche pluripotente. Il évite le recours aux cellules souches prélevées sur des embryons, controversé sur le plan éthique, voire interdit [08/2009]. L'opération est délicate à mettre en oeuvre : avec un taux de conversion des cellules adultes en CSPi de seulement 5 %, il faut 3 semaine pour obtenir une colonie de cellules souches et plusieurs mois pour que cette colonie compte plusieurs milliers d'individus. Ces CSPi souffrent par ailleurs de défauts épigénétiques, car elles conservent leurs étiquettes de cellules adultes, qui peuvent venir perturber leur développement ultérieur [04/2013]. Les cellules SPi constituent un bon moyen d'étudier comment des anomalies se mettent en place au niveau cellulaire, puisqu'en veillissant elles finissent par développer les mêmes signes de maladie que la cellule adulte originelle. Ce qui ouvre la voie à la recherche pharmacologique, leur grand nombre permettant de cribler une banque de molécules pour repérer celles qui pourraient présenter une action thérapeutique intéressante [02/2009]. La méthode de production des cellules SPi a été améliorée en mars 2009 et ne nécessite plus de vecteurs viraux pour insérer les gènes de reprogrammation qui vont faire régresser la cellule adulte différenciée jusqu'au stade de cellule souche : l'ajout d'un cocktail de protéines suffit désormais [09/2009]. Les premières souris produites à partir de cellules SPi viennent de voir le jour dans 3 laboratoires différents (deux chinois et un américain). L'expérience a consisté à prélever des cellules différenciées adultes (en l'occurrence des cellules de peau) et à les faire régresser jusqu'au stade de cellules souches en leur injectant des facteurs de reprogrammation, avant de les injecter dans une gangue de cellules placentaires et d'implanter le tout dans l'utérus d'une femelle. Les taux de réussite varient de 1 à 13 %, sans compter les malformations et la stérilité présentées par certains rongeurs, mais la voie des souriceaux SPi est désormais ouverte [09/2009]. Deux études viennent de montrer que les CSPi gardent en mémoire les caractéristiques du type cellulaire duquel elles proviennent : elles conservent en effet certaines méthylations, typiques du type cellulaire dont elles sont issues, ce qui rend plus difficile la différenciation dans un type cellulaire plus éloigné. Ces différences ont pourtant tendance à s'effacer au fil des "repiquages", qui consistent à récupérer une partie des cellules en culture pour les remettre sur un milieu de culture frais [07/2010]. Des études sur la souris viennent de montrer que les CSPi sont rejetées par le système immunitaire bien qu'issues de fibroblastes du même organisme. Cela pourrait s'expliquer par les différences d'expression génique des CSPi, notamment au niveau des gènes Zg16 et Hormad1, fortement exprimés [05/2011]. En ajoutant deux nouveaux gènes (Nanog et Lin28) aux 4 gènes utilisés pour transformer une cellule adulte en CSPi, Jean-Marc Lemaître et son équipe sont parvenus à transformer une cellule adulte sénescente (c'est-à-dire ne se reproduisant plus), chose impossible jusqu'alors [12/2011]. Des cellules de la peau issues de deux patients avec une insuffisance du coeur ont pu être transformées in vitro en cellules cardiaques fonctionnelles. Les chercheurs israëliens ont pour cela amélioré le protocole existant en supplémentant le milieu de culture de l'acide valproïque et en évitant d'injecter le gène qui code pour le facteur de transcription c-Myc, connu pour causer des lignées cancéreuses de CSPi. Le vecteur viral, également suspecté de favoriser les cancers, a été retiré une fois les gènes insérés [05/2012]. Pour la première fois des biologistes japonais sont parvenus à transformer des cellules de la peau de souris en ovocytes fonctionnels, dont la fécondation a produit des souris fertiles ayant elles-mêmes engendré des petits. Le taux de de réussite de ces ovocytes induits à partir de CSPi n'est que de 1,8 % (contre 3,9 % pour des ovocytes directement issus de cellules souches embryonnaires et 12,7 % avec des ovules naturels), la moitié de ces ovocytes induits présentant des défauts génétiques probablement apparus lors de la méiose, phase spécifique aux gamètes et rendant ce processus très délicat à conduire, d'autant plus que les cellules souches humaines sont encore plus difficiles à maîtriser, laissant loin devant l'espoir d'un traitement de l'infertilité féminine [10/2012]. Des chercheurs chinois, qui étaient déjà parvenus en 2011 à créer des cellules du foie, du muscle cardiaque ou du cerveau à partir des cellules rénales présentes en suspension dans l'urine, ont réitéré avec un nouveau protocole qui permet d'améliorer la fiabilité des cellules cérébrales induites tout en réduisant les délais de maturation. Au lieu d'utiliser un rétrovirus (qui s'insère dans l'ADN nucléaire et risque de créer des perturbations), ils ont fait appel à de l'ADN bactérien, capable d'influencer le développement de la cellule depuis son cytoplasme. Les cellules rénales deviennent ainsi pluripotentes en 12 jours seulement (soit deux fois moins longtemps qu'avec l'ancien protocole). Les cellules souches neurales produites se sont ensuite montrées capables de se différencier en neurones fonctionnels in vitro, et d'évoluer en neurones, oligodendrocytes ou astrocytes une fois transplantées dans le cerveau de nouveau-nés ratons, sans créer de tumeurs. Cette nouvelle méthode semble donc prometteuse [12/2012]. Pour la première fois, une équipe japonaise est parvenue à faire régresser au stade de CSPi des lymphocytes T adultes reconnaissant spécifiquement l'antigène MART-1 présent à la surface des cellules du mélanome. L'intérêt est que l'on peut faire croître en masse ces CSPi, qui ont ensuite été transformées à nouveau en lymphocytes T, dont 98 % possédaient encore le récepteur à l'antigène MART-1. Il reste maintenant à démontrer que le traitement résultant sera efficace et sans danger [01/2013]. Une équipe de l'université du Wisconsin est parvenue à reprogrammer des cellules de peau d'un singe rhésus en cellules neuronales primitives, puis à les transplanter dans le cerveau de l'animal, atteint de la maladie de Parkinson, où elles se sont différenciées en neurones et en cellules gliales puis ont montré un développement normal, sans signe d'apparition de cancer. Ces cellules n'étaient toutefois pas assez nombreuses pour produire de la dopamine, objectif ultime qui pourrait à terme permettre de faire régresser la maladie de Parkinson sans risque de rejet [03/2013]. Pour la première fois des chercheurs espagnols sont parvenus à faire régresser avec succès des cellules adultes en CSPi in vivo chez la souris, alors que les CSPi produites jusque-là résultaient d'expériences in vitro. La plasticité de ces CPSi semble supérieure à celle des CSPi classiques et même des cellules souches embryonnaires (elles sont ainsi capables de produire un trophectoderme), ce qui les rapproche de la totipotence, et leur transcriptome ressemble davantage à celui des CSE (99,7 % des ARN exprimés sont identiques à ceux des CSE, contre 96,6 % pour les CSPi obtenues in vivo) [09/2013]. Pour obtenir cette reprogrammation in vivo, les chercheurs ont utilisé des souris transgéniques capables d'exprimer les 4 facteurs de croissance nécessaires à la production de CSPi, et les ont exposé à la doxycycline pour déclencher la production de ces 4 protéines : en moins de 3 semaines, les rongeurs avaient développé des tératomes, tumeurs issues de la croissance anarchique des cellules souches pluripotentes [10/2013]. Synonyme : CSPi. Anglais : iPS (Induced Pluripotent Stem cells)
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