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 InfluenzavirusRechercher images 

Genre de virus de la famille orthomyxoviridae, comprenant le virus de la grippe. Les influenzavirus possèdent 8 brins d'ARN codant pour 11 protéines : - PB1, PB2, PB1-F2, PA : des composants de la polymérase - HA : l'hémagglutinine (le H de H5N1 ou H3N2) - NP : une nucléoprotéine associée à l'ARN viral - NA : la neuraminidase(le N de H5N1 ou H3N2) - M1, M2 : des composants de la capside virale - NS1, NEP/NS2 : des protéines non structurelles impliquées dans la virulence. Ses membres sont dotés d'un matériel génétique très morcelé, véritable patchwork issu des échanges entre différentes souches virales. Au gré de ses pérégrinations il engrange les récepteurs de beaucoup d'animaux (canard, poule, porc, homme...) pour se constituer un trousseau bien garni et devenir multi-infectieux, récepteurs qu'il est capable d'échanger avec d'autres types de virus, ce qui leur permet alors de franchir la barrière des espèces et de devenir très virulent face à l'absence de défenses de leur hôte. L'humanité a déjà affronté 4 pandémies majeures de grippe : - La grippe espagnole (H1N1) de 1918 à 1919 aurait fait 30 millions de morts, en touchant un cinquième de la population mondiale, avec un taux de mortalité de 2,5 % (contre 0,1 % habituellement) concentrée à 80 % sur des jeunes adultes en bonne santé de 20 à 40 ans. - La grippe asiatique de 1957 (H2N2) a fait 4 millions de morts, son action a pu être limitée par l'usage des antibiotiques - La grippe de Hong-Kong de 1968 (H3N2) a fait 2 millions de morts ; elle serait apparue chez un porc infecté à la fois par la grippe humaine et un virus de la grippe aviaire, d'où cette nouvelle souche, dont nous affrontons chaque hiver les descendants mutés ! - La grippe de 1957 (H1N1) est apparue simultanément en Russie et en Chine. Pour de nombreux experts, ce retour inattendu d'un variant considéré comme éteint ne peut être naturel : le virus aurait été libéré volontairement lors de la guerre froide ! - La grippe mexicaine AH1N1 (initialement intitulée grippe porcine), s'est déclarée le 17 avril 2009 dans un village mexicain, avant de toucher Mexico d'où elle s'est répandue par avion sur les 5 continents en moins de 15 jours, passant officiellement à l'état de pandémie mondiale le 11 juin 2009. Elle aura finalement fait moins de 13 000 morts dans le monde (dont 269 en France), la plupart étant des personnes déjà fragilisées, les autres victimes ayant présenté une réaction immunitaire disproportionnée, entraînant une inflammation si violente que l'oxygène ne parvenait plus à passer du tissu pulmonaire aux alvéoles [01/2010]. On a constaté qu'entre 11 et 20 millions de Français étaient naturellement immunisés contre ce virus, ce qui a pu faire barrage à sa propagation, sa virulence s'étant révélée moins forte que prévue initialement. Autre effet inattendu : la grippe saisonnière marque un très fort recul cet hiver, la quasi-totalité des souches identifiées étant du type AH1N1 [02/2010]. La première description des symptômes de la grippe remonte à 876 [02/2018] ! Il semble que la source principale de nouveaux virus soit le porc. Celui-ci peut être en effet touché à la fois par le virus qui affecte l'homme et par celui qui affecte le canard (grippe aviaire). Il se produirait à l'intérieur de l'organisme du porc des recombinaisons entre les virus, ce qui serait à l'origine de nouvelles formes contre lesquelles l'homme n'est pas immunisé. L'immunité contre un virus spécifique n'est garantie que pendant un an et les gènes qui constituent ces virus subissent une mutation périodique (on a ainsi dénombré 1800 points de mutation possibles). Le taux de mutation des influenzavirus est environ 1000 fois plus important que celui des cellules normales de mammifères. Les souches de virus à l'origine de la grippe sont au nombre de 3 : A, B et C. Ils ont respectivement été isolés en 1933, 1940 et 1950. Le génome des virus A et B est constitué de 8 segments d'ARN alors que celui du virus C n'en comporte que 7. Les types A et B sont responsables des épidémies, et peuvent aussi provoquer (en particulier le type 1) le croup ou laryngotrachéo-bronchite aiguë (forme de la diphtérie), qui correspond à une inflammation des parties supérieure et inférieure de l'arbre respiratoire, comprenant le larynx (cordes vocales). Les souches influenza de type A portent à leur surface 2 protéines, l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N), déterminantes dans l'infection et sujettes à de nombreuses variations génétiques lors de leur passage d'une espèce aviaire à une espèce mammifère puis à l'homme. On a identifié à ce jour 9 sous-types de neuraminidase (N1 à N9) et 15 sous-types d'hémagglutinine (H1 à H15). On désigne ainsi les variétés de souches A sous la forme AHxNy, ou x et y représentent les variantes de ces protéines : AH1N1 (grippe espagnole de 1918), AH2N2 (pandémie de 1957), AH3N2 (grippe de Hong Kong de 1968), etc. Chez l'homme ce sont essentiellement les sous-types H1, H2, H3, N1 et N2 qui circulent. 3 polymérases, PA (protéine acide), PB1 et PB2 (protéine basique 1 et 2), forment le complexe réplicase/transcriptase du virus. Les 3 pandémies de grippes les plus létales du XXe siècle (1918, 1957 et 1968) étaient toutes associées à une mutation du gène PB1 [05/2009]. On connaît aujourd'hui 16 souches virales de la "grippe aviaire", qui n'affectent normalement que les oiseaux mais franchissent parfois la barrière des espèces pour se transmettre à l'Homme. . La "grippe aviaire" ou grippe du poulet, apparue à Hong Kong en 1997 (18 cas, dont 6 mortels à l'époque), et qui depuis sévit régulièrement en Asie du sud-est avec une extrême virulence, prend depuis fin 2003 la forme d'une pandémie qui se répand inéxorablement. Fin 2005, elle a créé de nombreux foyers en Asie du Sud-Est, puis les migrations l'ont amené au Moyen-Orient, en Afrique (premier cas le 8 février 2006 à Jaji, Nigeria) et en Europe, où elle a touché plusieurs élevages entre fin 2005 et début 2006. Le virus de la "grippe aviaire" est une souche AH5N1, qui franchissait pour la première fois la barrière des espèces (le virus provenait d'oies du Guangdong, une province chinoise très peuplée - capitale Canton - point de départ de plusieurs pandémies par le passé). Le risque est que cette souche s'humanise au contact d'une souche AH1N1 ou AH3N2, et devienne par exemple une souche AH5N2 hautement contagieuse et virulente pour l'homme. Le génome des influenzavirus comporte en effet 8 monobrins d'ARN (soit 8 gènes), qui peuvent s'échanger en cas de co-infection d'un même hôte par deux souches différentes, voir davantage. Le virus H5N1 de la grippe aviaire posséderait des gènes mutés similaires à ceux du virus de la grippe espagnole de 1918. Trois des gènes de ce dernier viennent en effet d'être séquencés : ils codent pour des polymérases cruciales pour la réplication des virus dans les cellules humaines [11/2005]. La faible taux de tranmission oiseau-homme et homme-homme s'expliquerait par le fait que les récepteurs SAlpha 2,3Gal du virus aviaire ne sont présents, chez l'homme, que dans la partie profonde des poumons, les cellules des voies aériennes supérieures étant riches en SAlpha 2,6Gal, les récepteurs du virus de la grippe [05/2006]. Lors de l'épidémie de Hong Kong en 1997, les souches H5N1 mortelles pour l'homme et la souris portaient une mutation du gène PB2 en position 627, marqueur non constant dans les cas actuels. Une mutation en position 226 de l'hémagglutinine pourrait aussi signifier une adaptation d'un virus aviaire à l'homme [06/2006]. Les chercheurs ont extrait du sang de survivants de l'épidémie du Viêt Nam de 2004, des lymphocytes B producteurs d'anticorps monoclonaux anti-H5N1. 80 % des souris saines ayant reçu cet anticorps ont survécu à la mise en contact avec le virus H5N1, ainsi que 58 des 60 souris déjà malades. L'effet des anticorps injectés, par ailleurs coûteux à produire en masse, n'excède malheureusement pas quelques semaines [08/2007]. Des chercheurs écossais ont mis au point un poulet OGM qui peut être infecté par le virus H5N1, mais est incapable de le transmettre à d'autres poulets "normaux". Ces poulets OGM se sont vus adjoindre une portion d'ADN dont la transcription produit un ARN en tige-boucle à la séquence proche de celle présente sur le génome du virus, qui agit comme un signal pour une enzyme de réplication (réplicase) en charge de copier le génome du virus. L'abondance de cet ARN-piège est telle qu'il va accaparer l'ensemble des réplicases virales de la cellule et donc empêcher ces enzymes de multiplier le virus [01/2011]. Ron Fouchier (Pays-Bas) et Yoshihiro Kawaoka (Japon) sont parvenus chacun de leur côté à faire muter le virus H5N1 pour qu'il devienne contagieux par voie aérienne chez les mammifères (le furet en l'occurence), afin d'observer les mutations qui rendent cela possible : 3 étaient déjà connues (polymérase PB2, hémagglutinine, protéine non structurelle NS1), 2 sont nouvelles. Il a suffit pour cela de transmettre manuellement le virus à un furet, puis de le récupérer dans ses sécrétions nasales afin de le transmettre à un second furet, et ainsi de suite : au bout de 10 fois (soit 15 jours), le virus était devenu contagieux. Et cette méthode est connue depuis 60 ans [03/2012]... La grippe AH5N1 a refait son apparition en France le 25/11/2015 dans un élevage de volailles de la Dordogne ; depuis les Landes ont aussi été touchées [01/2016]. Le virus AH5N1 n'est que rarement transmis entre humains, mais il engendre un taux de mortalité de 59 % [03/2020]. La grippe aviaire AH5N1 a fait des ravages en Europe en 2022, avec un visage inhabituel et inquiétant : - Une virulence et une contagiosité en hausse sensible ; - Un grand nombre d'oiseaux sauvages, porteurs sains du virus, en sont morts, en particulier des rapaces (vautours notamment) et des oiseaux marins : en Bretagne, 40 % des fous de Bassan sont morts, et 90 % des poussins... - Cette 4ème vague en Europe (depuis 5015) persiste après l'hiver et l'été ; - De nombreux mammifères ont été infectés (chat, blaireau, ours...) ; - 48 millions de volailles d'élevage abbatues, dont 16 millions en France. Des vaccins sont actuellement en test dans des élevages pilotes, surtout de canards, lequels jouent un rôle majeur dans la dynamique d'infection : le but est de s'assurer que les animaux vaccinés ne peuvent plus transmettre le virus. L'immunité humaine ne connaît pas ce virus, et même avec un vaccin adapté une épidémie serait dévastatrice avec une population non protégée [03/2023]. . La grippe aviaire AH7N9, courante chez les oiseaux, a touché l'Homme pour la première fois en mars 2013 en Chine : 2 hommes en sont morts, et une femme a été infectée dans la ville de Chuzhou. Le virus ne semble toutefois pas transmissible entre humains [04/2013]. 87 personnes ont été infectées à la mi-avril : l'infection se manifeste par une simple grippe qui évolue ensuite en pneumonie, d'où les hospitalisations. Le virus AH7N9 pourrait ne pas être d'origine aviaire : seuls 39 cas ont été détectés sur 1000 marchés et fermes de volailles testés en Chine, et 40 % des malades disent ne pas avoir été en contact avec des volailles... Toutefois, les souches aviaires et humaines du virus AH7N9 sont très proches, le virus humain ne se composant que de fragments d'origine aviaire. Par ailleurs certains malades pourraient avoir été infectés par des proches, laissant planer le spectre redouté d'une transmission d'homme à homme ; c'est pourquoi le laboratoire suisse Novartis est en train de développer un vaccin qui sera testé prochainement [04/2013]. Une équipe chinoise vient de montrer qu'il a fallu au moins 4 réassortiments génétiques pour aboutir au virus AH7N9 : la H7 proviendrait de canards sauvages, la N9 aussi, et deux H9N2 distincts aurait muté chez le poulet et chez une autre volaille. Par ailleurs les souches aviaires et humaines du H7N9 présentent 16 différences dans leurs acides aminés, dont certaines donnant au virus une meilleure affinité pour les cellules humaines [05/2013]. Les premiers cas de résistance du virus H7N9 à l'oseltamivir et au zanamivir, les deux seuls antiviraux efficaces, ont été détectés en Chine [05/2013]. Un premier cas de transmission possible du virus H7N9 entre un père et sa fille vient d'être signalé par les chercheurs chinois [08/2013]. Lorsque les virions sortent de la cellule hôte, leurs hémagglutinines doivent subir une maturation pour devenir fonctionnelles, faute de quoi le cycle viral s'arrête. Les influenzavirus de type H5 et H7, responsables des grippes aviaires actuelles, maturent quasi spontanément dans tous l'organisme, d'où leur virulence. N'ayant jamais été en contact avec eux, l'être humain ne possède aucun anticorps spécifique, ce qui explique sa dangerosité potentielle en cas d'infection. L'hémagglutinine aviaire est attirée par des polymères glucidiques typique des cellules de volailles, pendant que l'hémagglutinine humaine préfère les polymères glucidiques des cellules humaines. Le porc présente sur ses cellules trachéales les 2 types de polymères glucidiques, aviaire et humain : en cas de co-infection d'une même cellule porcine par 2 virus différents, il existe donc un risque de voir apparaître un hybride redoutable pour l'homme [04/2005]. On sait maintenant pourquoi le virus de la grippe frappe l'hiver : il s'entoure en effet d'une épaisse couche de molécules grasses (du cholestérol) dont la texture change en fonction de la température : liquide à 40 °C, elle se cristallise au froid, assurant ainsi une protection thermique, ce qui permet aux virus expulsés sous forme de micro-goutelettes de survivre à l'extérieur, le temps de pénétrer dans un nouvel organisme. Une fois dans les bronches, la couche membranaire se liquiéfie et le virus peut reprendre son activité en infectant les cellules. En revanche, expulsé dans l'air estival, le virus se délite et meurt avant d'avoir pu contaminer une autre victime [04/2008]. En 1941, des scientifiques ont démontré que la grippe pouvait être jugulée grâce à l'administration d'un vaccin contenant le virus. Le processus d'immunisation est compliqué car les différents virus ne sont pas apparentés du point de vue des antigènes. La vaccination contre l'un d'eux ne garantit donc pas l'immunisation contre les deux autres. Les différents virus de la grippe réapparaissent de manière cyclique. Ainsi, l'épidémie de grippe qui a eu lieu en 1978-79 était porteuse du même virus que celle qui avait causé l'épidémie au début des années 50. Certaines preuves tendent à démontrer que les épidémies reviennent à un intervalle de 60 ou 70 ans et sont porteuses du même virus (comme 1950 / 1978). Selon cette théorie, les officiels de la santé publique s'attendaient à revoir en 1976 le même virus que celui qui avait causé l'épidémie de grippe espagnole de 1918, responsable de 20 millions de morts dans le monde, et dont la forme vraiment virulent est apparue 6 à 8 mois après le début de l'épidémie. 98 % des échantillons de la souche du virus grippal qui a frappé les Etats-Unis cet hiver se sont révélés résistants à l'oseltamivir (Tamiflu). Ces mesures ont été réalisées sur 102 échantillons : 88 de la souche H1N1, 14 de la souche H3N2 et 40 virus de type B, le tout provenant de 25 Etats américains [12/2008]. De chercheurs de la Harvard Medical School de Boston ont mis au point 3 anticorps synthétiques se liant à l'hémagglutinine, une protéine de surface assez stable génétiquement, ce qui les rend efficaces contre de nombreuses souches du virus de la grippe. Efficaces sur la souris, ces anticorps pourraient être utilisés comme traitement de première urgence pour enrayer un début de pandémie [04/2009]. Le consortium européen Fluvacc propose quant à lui une approche plus radicale et surtout plus rapide : supprimer le gène de la protéine NS1 de la souche virale responsable d'une nouvelle épidémie. Cette protéine étant en effet le facteur pathogène, le virus résultant serait inactif tout en stimulant les réactions immunitaires comme le ferait un vaccin. Cette technique permettrait de réagir en quelques jours, quelques semaines au pire [05/2009]. Des chercheurs américains de la Mount Sinai School of Medicine propose quant à eux de cibler l'enzyme svRNA, commune à l'ensemble des influenzavirus et indispensable à la transcryption des 8 brins d'ARN du virus en nouveaux ARN viraux, éléments des particules virales permettant la dissémination du virus. Reste à développer une stratégie thérapeuthique efficace [06/2010]. Depuis le 20 juin 2012, la grippe aviaire H7N3 a déjà frappé 1,7 million d'oiseaux d'élevage au Mexique, dont 870 000 en sont morts ou ont été abbatus pour contenir l'épizootie [07/2012]. Depuis septembre 2011, les jeunes phoques de la côte du nord-est des États-Unis succombent par dizaines à une grippe H3N8, variant d'une souche qui a affecté les oiseaux nord-américains en 2002 : pas moins de 37 mutations ont été identifiées (notamment au niveau des gènes Ha et Pb2, nécessaires respectivement à l'entrée du pathogène dans la cellule-hôte et sa réplication), dont certaines ont permis de passer des oiseaux aux mammifères [07/2012]. Une nouvelle forme de grippe A (H3N2v) transmise par le porc a déjà touché 152 personnes aux USA (Indiana, Ohio), sans symptômes graves. Cette souche possède le même gène M que la souche A (H1N1), cause de la pandémie de 2009 [08/2012]. Un nouvel anticorps nommé C05 vient d'être découvert : il cible la région RBS (Receptor Binding Site) de l'enveloppe virale, qui permet au virus de se lier à la cellule qu'il s'apprête à infecter, et qui constitue en fait une petite partie de l'hémagglutinine, une protéine très variable... sauf au niveau du RBS, très stable mais considéré jusqu'alors comme trop petit pour permettre qu'un anticorps puisse s'y fixer ! C05 utilise en fait 2 molécules d'hémagglutinine pour assurer sa fixation. Des expériences in vitro et in vivo chez la souris ont confirmé son efficacité dans la prévention des infections grippales à souche A, ouvrant la porte à l'élaboration d'un vaccin efficace contre toutes les souches la grippe A [09/2012]. Des scientifiques allemands ont mis au point un vaccin antigrippal basé non sur des antigènes (hémagglutinine et neuraminidase), mais sur les ARN messagers (ARNm) codant pour ces protéines virales. Cette approche stimule non seulement la réponse immunitaire innée (qui cible les anticorps), mais aussi l'immunité adaptative, dont l'action est plus rapide et surtout plus durable, laissant envisager une immunité à vie ! De plus, les délais de production à grande échelle d'un tel vaccin à ARNm seraient de 6 à 8 semaines, contre 6 mois pour le procédé à base d'oeufs de poule. Enfin, la contrainte du stockage des vaccins au froid saute puisque le produit se présente sous la forme d'une poudre lyophilisée. Le seul problème restait le fait que l'ARN se dégrade très vite une fois injecté dans la circulation sanguine : la firme pharmaceutique CureVac a eu l'idée de combiner cet ARN à de la protamine, qui protège l'ARN et lui laisse le temps d'atteindre sa cible. Des essais cliniques sont en cours [11/2012]. Des composés de la famille des DFSA semblent efficaces pour inhiber la neuraminidase du virus de la grippe (influenzavirus). De plus, leur structure étant proche de l'acide sialique, cible de l'enzyme virale, les risques de résistance par mutation s'en trouvent diminués, contrairement à ce qui se passe avec l'oseltamivir (Tamiflu) et le zamivir (Relenza). Testés sur la souris, les DFSA les ont protégé efficacement pendant une centaine d'heures [02/2013]. Des chercheurs de l'université du Maryland ont mis au point un vaccin contre la grippe H5N1 basé sur un virus H9 atténué doté d'un gène du virus H5N1 ; pour pallier à tout risque de transfert de gènes avec d'autres souches virales, le gène Ns2 a été déplacé du segment d'ADN viral N° 1 vers le second, où sa proximité avec le gène codant pour la polymérase réduit sensiblement le cycle de multiplication du virus. Testé avec succès sur des souris et des furets, ce vaccin administré en spray nasal confère une immunité aux dangereuses souches H5 et H9 [03/2013]. Des chercheurs du NIAID américain (Bethesda, Maryland) ont mis au point une nouvelle forme de vaccin antigrippal à large spectre, sous la forme d'une nanoparticule immunogène autoassemblée. Elle est constituée d'un coeur de 24 protéines de ferritine sur lequel viennent se fixer 8 fragments d'hémagglutinine H1 en forme de colonne : cette forme facile d'accès pour les cellules immunitaires déclenche chez l'animal une réaction immunitaire 10 à 34 fois plus importante qu'un vaccin classique. Ce vaccin protège son hôte contre de nombreux variants de l'hémagglutinine H1, les chercheurs ayant sélectionné des fragments communs à plusieurs souches. Reste qu'il existe 17 formes d'hémagglutinine pour la souche A du virus, et 2 autres souches (B et C) : on est encore loin du vaccin universel [05/2013]... L'université de Pennsylvanie (USA) ont utilisé l'anticorps F16, identifié en 2011, pour élaborer une thérapie génique à large spectre contre les virus de la grippe : introduit dans un adénoassocié de primate, il a été testé avec succès sur des souris et des furets, qui ont survécu aux souches saisonnières les plus virulentes. Malheureusement, si les anticorps son produits en quelques jours (contre 2 semaines pour les vaccins), cette immunité disparaît totalement en 3 mois (contre un an pour les vaccins)... Ces différences proviendraient de la durée de vie des cellules cibles : les cellules épithéliales des voies respiratoires se renouvellent constamment, au contraire des cellules musculaires cibles des vaccins [06/2013]. Des chercheurs américains ont découvert pourquoi le virus de la grippe se manifeste plus sévèrement chez la femme que chez l'homme : des expériences sur la souris ont montré que le virus perturbe profondément le cycle menstruel des femelles, avec pour conséquence une chute du taux d'oestrogènes qui affaiblit leur réponse immunitaire [07/2013]. Des scientifiques américains ont mis au point un test original de dépistage de la grippe, utilisant non des anticorps mais des glucides pour se lier aux protéines virales et démasquer ainsi leur présence : ces glucides seraient plus rapides et plus fiables, une simple languette à frotter dans la gorge indiquant par un changement de couleur l'infection à la grippe [09/2013]. En 2005, on retrouve dans les poumons d'un corps congelé en Alaska l'ARN du virus de la grippe espagnole. En 2007, Yoshihiro Kawaoka reproduit l'agent pathogène et découvre qu'il est 100 000 fois plus virulent que la forme H1N1 standard - en clair il se reproduit 100 000 fois plus vite dans les cellules [02/2018]. L'équipe du chercheur américain Yoshihiro Kawaoka (université du Wisconsin- Madison, USA), qui a déjà recréé le virus de la grippe espagnole et rendu le virus de la grippe aviaire H5N1 capable de contaminer les mammifères, vient de modifier un virus H1N1 pour le rendre invicible face au système immunitaire humain. Objectif : se préparer à l'émergence naturelle de ces mutations [08/2014]. Selon deux études américaines, les traitements à base de statines réduirait l'efficacité du vaccin contre la grippe [01/2016]. La souche AH3N2 est plus dangereuse pour les personnes fragiles : lorsqu'elle sévit dans une épidémie grippale, le taux de mortalité augmente [04/2017]. Lorsqu'une personne est infectée par une souche de grippe pour la première fois et contre laquelle elle n'est pas vaccinée, c'est son immnuité innée qui prend l'infection en charge, le temps de fabriquer des anticorps. Les interférons tentent donc d'inhiber la réplication du virus par une réponse inflammatoire, produisant les symptômes bien connus : fièvre, douleurs musculaires et articulaires diffuses... Tout est question de dosage, et chaque individu réagit d'une manière qui lui est propre : certains produisent trop d'inteférons et subissent un "orage cytokinique" potentiellement mortelle, d'autres n'en produisent pas ou trop peu et se retrouvent surexposés au virus. Les souris qui suivent un régime riche en polyphénols résistent mieux à une infection : les bactéries Clostridium orbiscindens utilisent en effet les polyphénols pour stimuler l'interféron [02/2018]. Les chercheurs tentent de mettre au point un vaccin universel contre la grippe qui ciblerait non pas la tête de l'hémagglutinine virale, trop instable, mais sa tige, extrêmement bien conservée dans tous les sous-types. Ce processus pourrait prendre 10 à 15 ans [02/2018]... L'additif alimentaire E319 est soupçonné de perturber la réponse immunitaire de l'organisme face au virus de la grippe, notamment au niveau des lymphocytes TCD8, TCD4 et CD8, dont le nombre se voit réduit après une exposition au E319. Il pourrait ainsi interférer avec l'installation de la mémoire immunitaire au moment du vaccin, mais aussi lors d'une infection [05/2019]. L'élaboration du vaccin contre la grippe saisonnière se fait en suivant les recommandations de l'OMS pour l'hiver suivant, en fonction des souches en circulation, publiées deux fois par an : en février pour l'hémisphère sud et en septembre pour l'hémisphère sud. Depuis 2018, l'OMS recommande d'include 4 souches dans les vaccins (au lieu de 3 jusqu'alors), afin de mieux protéger les populations [01/2020]. Selon une étude américaine, le type de la première souche virale rencontrée pendant l'enfance, lorsqu'il est de nouveau contracté à l'âge adulte, provoque des symptômes moins graves que les autres types contractés ensuite. Cette découverte a été validée avec les types H1N1 et H3N2 [02/2020]. Un enfant de 4 ans dont la famille élève des poulets dans la province du Henan, au centre de la Chine, a été infecté par le virus H3N8 de la grippe aviaire. Il a été hospitalisé pour de la fièvre et d'autres symptômes sans gravité. La présence de canards sauvage dans la région pourrait expliquer la contamination des poulets, qui ont transmis le virus directement au garçonnet, une transmission inter-espèces ponctuelle avec un très faible risque de propagation à grande échelle, selon les autorités chinoises [04/2022]. Synonyme : virus de la grippe, virus influenza.
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